Un vendredi merveilleux

Après avoir vu " les Fourberies de Scapin" à Paris nous nous sommes dit: " et si on jouait les Fourberies ...
Chose dite, chose faite !
Après beaucoup d'entraînement, nous sommes arrivés au bout !
Puis Patrice a décidé d'inviter Colette Roumanoff ( la metteuse en scène ) malheureusement, elle n'a pas pu venir, elle a donc proposé à l'un de ses acteurs de venir nous rendre visite et devinez qui a décidé de venir ...
Gregory Gerreboo, l'acteur qui jouait Scapin.

Tout le monde l'attendait avec impatience vendredi.
Voici le compte-rendu de cette agréable journée:
Vendredi 16 juin 9h45 les élèves de l'école Henri Matisse attendent un curieux personnage pendant la lecture de leur journal favori: Théo 31 qui vient de sortir...
Soudain, à 10h00 Gregory fait son entrée en scène !!!
Histoire de mieux se connaître nous lui faisons entendre notre lecture.
Puis, nous débarquons dans le hall pour nous échauffer car un après-midi périlleux...

Pour commencer, nous faisons à Grégory la démonstration de quelques vire-langues, ensuite pour retenir nos prénoms, il nous propose de faire un jeu :nous nous sommes tous mis en cercle et avons fait passer nos prénoms à nos voisins en tapant dans nos mains puis avec une voix aiguë et une voix grave.
Pour apprendre à occuper l'espace, nous avons fait semblant de marcher sous la pluie, sous le soleil ou en jouant sur les âges, c'est-à-dire il fallait marcher comme si on avait 5 ans, 25 ans ou encore 70 ans.

Apprendre à se servir de son corps c'est autre chose: on devait prendre une certaine position et s'empiler les uns sur les autres.

Comme la journée allait passer vite nous sommes passé à l'acte I et vous ne me croirez peut-être pas, mais Gregory ne se souvenait presque pas de son texte !!! Mais il l'a bien retrouvé ...

Puis nous sommes allés manger ...
En revenant, nous sommes directement passés à l'acte II . Gregory nous arrêtait très souvent car il disait qu'on était des pros !!!

A l' acte III et il a bien ri en voyant Argante et Geronte se taper les mains. Gregory en aura appris beaucoup sur notre façon de jouer et nous aussi avons appris plein de choses à son sujet, il nous a fait ses adieux mais avant de partir, Matthias, David, Julien et moi ( Joséphine ) avons pu l'interwiever .

Gregory, quand as-tu joué ta première pièce ?

Ma toute première, c'est quand j'avais votre âge, c'était comme ça pour s'amuser avec un club et sinon ma toute première dans un cadre professionnel, c'était quand j'avais 21 ans.
Je continuais en même temps mes études et je travaillais.

Est-ce-que le théâtre est ton métier?

Oui, c'est un vrai métier, enfin c'est plus qu'un métier, c'est une passion.
Mais c'est aussi un métier, un métier qui se travaille, un métier qui s'apprend, un métier comme tous les autres. C'est pareil que boulanger, plombier, pêcheur, c'est exactement pareil : il y a une technique, il y a des choses à apprendre, il y a les difficultés du métier, les facilités du métier, tout ça c'est pareil, ça demande beaucoup de sérieux comme dans tous les métiers, et de la concentration.
Oui, c'est important de poser cette question, c'est vraiment un métier!

Qu'est-ce qui t'a donné envie de faire du théâtre?

 Ca c'est une bonne question, je ne sais pas du tout, je ne sais pas pourquoi tout d'un coup ça m'a plu, la première fois que je suis allé au théâtre, j'ai trouvé ça génial de voir les acteurs sur scène, moi-même dans la salle, voir le rideau qui s'ouvre, toute une pièce comme ça devant toi, vraiment ça m'a passionné tu vois, et voilà. Je ne peux pas te dire, c'est comme toi, pourquoi tu aimes tel sport et pas tel autre, je ne sais pas d'où ça vient mais c'est comme ça.

La vie d'acteur se passe-t-elle bien ?

 Je pense que ce dont les gens ne se rendent pas compte, c'est que c'est beaucoup de travail.
Un comédien, ce n'est pas quelqu'un qui se lève tard, boit du champagne, se fait photographier, donne des interviews, c'est quelqu'un qui travaille car il a besoin de travailler. Si il ne travaille pas, ça va se rouiller, il faut beaucoup travailler.
Mais en gros, ça se passe bien, oui.
Je crois qu'il faut vraiment aimer ce métier passionnément, si tu n'aimes pas ça, il y a tellement de choses qui sont difficiles, ce n'est pas la peine. Il faut faire autre chose si on n'est pas passionné par ce que l'on fait, mais c'est comme partout je pense.

La journée que tu as passée avec nous t'a-t-elle plu?

Beaucoup, je suis un petit peu fatigué là, parce que c'est vrai que, quand je vous vois jouer, je voudrais vous dire plein de choses et comme on n'a pas le temps... enfin, c'est déjà bien toute une matinée et une après-midi.
J'aurais encore envie de vous parler, je vais repartir en me disant, mince, j'aurais du leur dire ça et j'aurais pu aussi leur dire ça, mais ce n'est pas grave, c'est déjà pas mal quand même, et comme je vous le disais, j'ai appris plein de choses, ce n'est pas dans un sens, je ne suis pas venu donner une leçon vous aussi vous m'avez donné une leçon.
Ca c'est important pour la suite.

Est-ce-que " les fourberies de Scapin " est ta pièce préférée?

C'est une des pièces que je préfère parce que j'aime bien la jouer. Je trouve que c'est une pièce drôle, mais c'est une pièce profonde où on peut apprendre plein de choses en regardant ou en lisant les Fourberies de Scapin ça nous apprend beaucoup de choses sur la nature humaine, sur les gens, comment sont les gens : l'avare, le jeune amoureux qui ne pense plus aux autres parce qu'il est amoureux, il a un problème . Je trouve que Molière est vraiment un... on appelle ça un moraliste, c'est les gens qui s'occupent des mœurs de son époque, il avait bien vu comment fonctionnait sa société et comment fonctionne la nôtre car c'est pareil, c'est pour ça que j'aime bien la pièce et puis c'est une comédie, c'est une vraie comédie et ce qui est formidable c'est qu'on s'aperçoit que ce qui faisait rire à l'époque, au XVIIème siècle, tu te rend compte, ça remonte, et aujourd'hui on est en l'an 2000 et ça fait toujours rire. Quand c'est bien fait les coups de bâtons, la galère, ça fait rire et ça faisait rire les gens en 1650 et ça c'est extraordinaire.

Pourquoi es-tu venu à Damgan ?

C'est Colette Roumanoff qui devait venir et puis elle ne pouvait pas car elle est partait chez elle dans le Luberon, alors elle m'a demandé si ça m'intéressait de venir voir des enfants qui avaient fait un travail formidable, elle m'a raconté que vous aviez fait une page internet avec des photos, des extraits de film, qu'il y avait beaucoup de choses de faites que j'ai vues hier. Elle m'a demandé si ça m'intéressait de venir passer une journée ou plus avec vous, alors j'ai dit que je ne pouvais pas car je jouais . J'ai appelé Patrice et je lui ai dit : je ne peux venir que vendredi car je joue jeudi et samedi matin, je suis en audition pour un nouveau spectacle . Patrice m'a dit: Ce n'est pas grave, viens quand même. Je suis donc arrivé hier et je repars tout à l'heure. Je serais bien resté avec vous demain pour le spectacle, mais malheureusement, ce n'est pas possible.

Qu'as-tu pensé de notre jeu?

Ce qui est drôle, c'est que vous n'avez pas les défauts des gens de votre âge. J'ai travaillé avec des gens un peu plus âgés que vous en collège et vous n'avez pas les mêmes défauts. C'est à dire que l'on sent que vous avez parfaitement assimilé le texte, vous avez tout compris et vous savez comment nous le dire. Ca c'est assez impressionnant quand même, de savoir que vraiment le texte est bien dit , j'ai été assez impressionné par ça. Le conseil que je pourrais vous donner par la suite, quand vous travaillerez plus tard, il serait bon que des personnes se mettent à la place du public et essaient d'imaginer la scène dans son ensemble, de voir, physiquement, comment vous pourriez vous placer pour que ce soit plus harmonieux. Tu vois par moment je vous ai dit, attention tu bouges un peu trop, si on se met du côté du public, on voit que ça bouge trop et on a le tournis, il faut faire bien attention à ça. Sinon, encore une fois chapeau !