Il faut plusieurs chemins

pour que chacun atteigne le sommet de la montagne.

  16 octobre 1996 A4-0325/96 © Parlement Européen DG1
extraits du RAPPORT
sur la société de l'information, la culture et l'éducation
Commission de la culture, de la jeunesse, de l'éducation et des médias
Rapporteur:    Mme Mair Eluned Morgan

LA SOCIÉTÉ DE L'INFORMATION:
DIMENSION ÉDUCATIVE ET CULTURELLE

     Démocratisation de l'accès au sein de la société de l'information

Quand on parle d'accès au sein de la société de l'information, deux aspects fondamentaux doivent être pris en compte:
a) l'accès physique aux nouvelles technologies,
b) les compétences nécessaires pour les utiliser.

a) Les équipements informatiques et les services télématiques sont coûteux et demeurent hors de portée de la bourse d'une grande partie de la population. Les enfants issus de familles aisées sont plus susceptibles d'avoir un ordinateur chez eux que les enfants d'extraction plus modeste.
En d'autres termes, le risque est sérieux de voir se creuser l'inégalité des chances et émerger une élite technologique dans une société divisée entre les personnes ayant acquis une culture informatique et les autres. Il importe donc au plus haut point de permettre un accès collectif et public aux outils informatiques.

L'apparition d'un tel fossé est d'autant plus vraisemblable que la société de l'information reposera essentiellement sur l'ordinateur. Ce fossé pourrait être atténué si la diffusion des nouvelles technologies et des services associés empruntaient le canal de la télévision, média beaucoup plus répandu et accessible financièrement. À cet égard, la province canadienne de Québec envisage de s'orienter vers la télévision interactive (projet UBI).

b) L'incapacité à se servir d'un ordinateur peut également induire une nouvelle discrimination.
Même si l'on parvient à garantir l'égalité d'accès aux équipements technologiques, la question portera sur la façon d'assurer une formation adéquate et permanente pour tous afin de donner à la population non seulement les moyens techniques d'utiliser les nouvelles technologies, mais également la possibilité d'exercer son sens critique vis-à-vis de l'information ainsi mise à sa disposition. Ces aspects sont importants pour pouvoir exploiter l'information reçue, être capable de l'apprécier en toute connaissance de cause et faire montre d'esprit critique, garant de démocratie.

Passons maintenant à la question des utilisations des nouvelles technologies ou, en d'autres termes, à leurs applications. Comment ces dernières peuvent-elles permettre ou faciliter l'accès à l'éducation et à la culture?

L'invention de l'imprimerie par Gutenberg, il y a quasiment cinq siècles, a fortement contribué à la diffusion des connaissances en Europe.
De nos jours, la révolution potentielle que constitue l'utilisation des nouvelles technologies de l'information et des communications se traduit par un nouveau mode d'accès aux produits et aux services éducatifs et culturels.
Leur intérêt ne se limite pas là: elles pourraient faire renaître dans la population l'intérêt ou le goût d'apprendre, y compris éventuellement pour les catégories sociales peu enclines à puiser aux sources traditionnelles que sont le livre ou les autres médias.

Au surplus, les nouvelles technologies permettent de développer un nouveau concept didactique:
apprendre en s'amusant.
Les notions d'éducation et de plaisir ont eu tendance à diverger et à provoquer l'apparition de brisures sociales.

Ce nouveau concept semble très important dans une société qui consacre davantage de temps aux loisirs. Tout aussi importante est la nécessité croissante de l'éducation et de la formation tout au long de la vie qui servira de trait d'union entre l'instruction scolaire et l'apprentissage personnel, entre la vie professionnelle et la civilisation des loisirs.

À l'heure actuelle, les enfants grandissent dans un monde voué aux messages visuels, qu'ils soient prodigués par la télévision, la publicité ou les jeux vidéo. Il serait irréaliste de vouloir aller à contre-courant. Aussi importe-t-il de s'intéresser aux possibilités de l'"interactivité" et à l'attrait des nouvelles technologies pour sensibiliser les enfants au fait qu'il leur est possible d'allier apprentissage et distraction, bien au-delà des confins étriqués des jeux vidéo interactifs.

S'agissant des questions d'accès et d'égalité, il convient d'accorder une attention encore plus grande aux utilisations potentielles des nouvelles technologies pour répondre aux besoins des groupes défavorisés. On entend souvent parler du risque d'aggravation de la fracture sociale, mais l'on devrait être plus informé sur les méthodes concrètes d'utilisation des nouvelles technologies pour réduire les disparités et favoriser la cohésion sociale. Le succès de la société de l'information devra être jugé à l'aune de ses réalisations à cet égard et de sa capacité à soulager les problèmes sociaux actuels.

 

   Éducation et sensibilisation à la société de l'information

a)    Nécessité d'une nouvelle culture didactique

Le débat actuel sur l'utilisation du multimédia dans l'enseignementse focalise trop sur les aspects technologiques et la tendance générale,partagée par la Commission, veut qu'un nombre conséquent de problèmes sociaux, éducatifs et culturels puissent être réglés par des moyenstechniques.

Or, la technologie ne constitue pas la solution au problème de l'éducation et de la formation (tout au long de la vie), mais elle peutpermettre d'engager un processus d'apprentissage autonome. Le débat sur le multimédia devrait se consacrer à la révision des méthodes d'enseignement et d'apprentissage afin d'aider les individus à s'adapter aux rapides mutations sociales et à s'épanouir sur le plan personnel.

Un problème majeur réside dans le fait que la plupart des systèmes éducatifs européens connaissent un degré élevé d'échec scolaire et d'insuffisance des performances. Les chiffres font apparaître que le pourcentage de jeunes gens quittant l'école sans qualification aucune est beaucoup plus élevé en Europe qu'aux États-Unis ou au Japon. Hélas, l'échec scolaire ne concerne pas seulement l'école; il devient en effet un problème social lorsque nombre de ces jeunes éprouvent des difficultés à trouver un emploi.

Autre problème majeur de nos systèmes éducatifs: les élèves ne sont pas suffisamment incités à s'informer eux-mêmes. Ils ne sont pas entraînés à faire preuve d'esprit critique à l'égard du contenu des enseignements. La cause en est que nos systèmes tendent à privilégier un apprentissage plutôt passif, s'appuyant essentiellement sur le savoir et la capacité à mémoriser.
Il convient d'encourager l'analyse et le questionnement.

Les produits multimédias peuvent faciliter cette tâche.
Ils sont axés sur la personnalisation du processus d'acquisition et sur la participation de l'individu en situation d'apprentissage.

Un environnement interactif se construit autour de l'élève, de l'étudiant ou de l'adulte en formation. Cependant, cette démarche ne devrait pas occulter les avantages sociaux d'un environnement pédagogique collectif.

Les bienfaits attendus de la société de l'information doivent être reliés aux objectifs fondamentaux de l'éducation et de la formation: développement personnel, préparation au monde du travail, adaptation auxchangements, promotion sociale et professionnelle. Ces bienfaits cadrent tout à fait avec les grandes évolutions constantes touchant les méthodes pédagogiques et mettant davantage l'accent sur l'apprentissage et non plus sur l'enseignement: si l'on veut tirer le meilleur parti possible des logiciels éducatifs, il convient de tenir compte de ce changement de méthode.

    La société de l'information commence à l'école

Le succès ou l'échec de la société de l'information dépendent étroitement de l'intérêt porté à l'éducation et à la formation. La société de l'information ne contribuera-t-elle pas, en effet, à doter les citoyens de demain du bagage suffisant qui leur permettra d'utiliser l'information et d'accéder aux connaissances technologiques?

Aussi, l'objectif n'est pas seulement de prodiguer aux enseignants, aux formateurs et aux prescripteurs une culture informatique, mais de les exercer à mieux intégrer les multimédias interactifs aux ressources traditionnelles des systèmes d'enseignement et d'apprentissage reposant sur l'interaction humaine. Les enseignants ne devraient pas perdre leur rôle antérieur de détenteurs du savoir, mais les nouvelles technologies devraient leur permettre d'acquérir la capacité nouvelle d' enseigner à comprendre et à utiliser les données obtenues électroniquement.

Parallèlement, l'accent devrait être mis sur le développement chez les enseignants, les éducateurs, les élèves et les étudiants d'un esprit critique les mettant à même d'évaluer de manière adéquate la masse d'informations et les moyens techniques disponibles.

 

  L'interconnexion des réseaux: une contribution interactive à l'Europe de la culture

En raison des nouvelles possibilités qu'elle comporte, la société de l'information fait renaître le rêve de Jean Monnet de créer une "Europe de la culture"...

 lire tout le rapport :
http://www.europarl.eu.int/dg1/a4/fr/a4-96/a4-0325.htm

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