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Il faut plusieurs chemins

pour que chacun atteigne le sommet de la montagne.


Entretien méthodologique et évaluation

P. MEIRIEU

L'un des obstacles majeurs à la pratique systématique du conseil méthodologique tient, sans doute, à la pression évaluative qui règne dans le système scolaire.

A l'école, on évalue souvent, bien trop souvent, si souvent que l'on se sent évaluer à chaque instant et que l'on n'hésite pas à se censurer par crainte de commettre une erreur ou une maladresse.

Pour être plus exact, il faudrait plutôt dire que l'on y évalue mal, c'est à dire que l'on confond évaluation et jugement, et que les efforts légitimes d'introduction d'une évaluation formative, c'est à dire d'une évaluation qui permette, au cours de l'apprentissage, de réguler la pratique didactique, sont le plus souvent, réinterprétées par l'élève comme la mesure d'un écart à la norme que détient toujours plus ou moins le maître, et dont l'on doit s'approcher le plus possible pour être bien jugé. D'une certaine manière, ce phénomène échappe même, nous semble-t-il, aux bonnes volontés individuelles dans la mesure où celles-ci sont victimes d'un "effet de système" : puisque ce qui structure l'institution est, de toute évidence, l'évaluation normative, les pratiques qui tentent d'entrer en contradiction avec ce principe sont perçues comme des habillages démagogiques ou des expériences marginales et inutiles.

Or, cette situation est dommageable au moins à deux égards : d'une part, elle met l'école en contradiction avec sa vocation première, qui est d'être un lieu où l'on suspend, un temps, l'exigence d'efficacité et la sanction sociale qui caractérisent l'univers de la production, pour prendre le temps d'apprendre.

 

Il faut tâtonner et se tromper beaucoup à l'école
parce que, à l'extérieur de l'école,
il vaut mieux agir à coup sûr.

Il faut pouvoir perdre du temps et gâcher un peu de matériel en classe, il faut y analyser ses erreurs - et donc pouvoir les commettre - si l'on souhaite, à l'examen comme dans la vie sociale, éviter l'échec.

 

Par ailleurs, la pression évaluative induit chez l'élève un comportement d'attente plus ou moins passive de la vérité corrective, de la révélation par le maître de la «bonne solution». Or, si, sans aucun doute, dans l'évaluation, il en est bien ainsi puisque l'enseignant y garantit la légitimité du référent en même temps qu'il reste juge, en dernière instance, de l'écart à la norme, ce ne peut être le cas du conseil méthodologique.

Pour dire les choses simplement, je sais si l'élève «a fait juste»; mais je ne sais pas, ou jamais vraiment, quelle méthode il doit utiliser pour faire mieux ... cela nous devons le chercher ensemble et puisque c'est lui qui le mettra en oeuvre, il est sans conteste, en ce domaine, «le déterminant en dernière instance».

extraits de "enseigner, scénario pour un métier nouveau" P. MEIRIEU

Quelques repères

l'évaluation dynamique à l'école élémentaire -ed. A. Colin
Jean DANIAU

J'apprends donc je suis - ed. d'Organisation
Hélène TROCME FABRE

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