Il faut plusieurs chemins

pour que chacun atteigne le sommet de la montagne.

présente

PENERF, site ostréïcole,
son histoire


De l'ère tertiaire à - 2 500 ans

Des Vénètes aux Vikings

Des Ducs de Bretagne à l'âge d'or de Penerf

De la naissance des parcs à huîtres à nos jours

par l' Association Damgan & son Histoire

Damgan, entre Golfe du Morbihan et Baie de Vilaine, petite commune assoupie l'hiver, s'éveille au printemps.

Le temps de l'été, elle se métamorphose alors en une véritable petite ville, toutes persiennes ouvertes, toutes toiles déployées. Le long des plages, de Penerf à Kervoyal, la marée est humaine.
À la pointe Ouest de la commune, là où la rivière de Penerf mêle ses eaux à l'océan, la vie aussi est rythmée par les marées et les saisons : la "saison" ici, c'est Noël.
Qui ne sacrifie alors au rituel de l'huître ?
À Penerf, depuis des générations, le fin mollusque occupe l'espace et les hommes.

Histoire, au passé, au présent et au futur
d'une savoureuse rencontre entre deux mondes ...

sommaire

PENERF, son histoire ...
de l'ère tertiaire à - 2 500 ans

La rivière de PENERF, formée par la partie marine des rivières ou ruisseaux du Drayac, de l'Epinay, de la rivière de Sarzeau, ... présente une forme d'étoile. Son origine est extrêmement ancienne, probablement amorcée au cours de l'ère tertiaire. Son histoire (débit, localisation, tracé) fut, et est encore influencée par les variations du niveau de la mer au cours du Quaternaire, ainsi que par les mouvements négatifs ou positifs du continent (jeu de failles provoquant les tremblements de terre subis actuellement comme celui du 13 mars 1993). N'oublions pas les variations climatiques : glaciations et réchauffements.

À certaines époques, PENERF a sans doute été une île, la rivière rejoignant l'océan soit entre Larmor et St Guérin, soit entre la pointe du Bil et le Bodo (la Folie). À des époques plus anciennes, la Vilaine déposait ses alluvions sous forme de terrasses au moment des grandes crues. Depuis la transgression post glaciaire (- 5000 ans), la remontée du milieu marin se traduit seulement par des oscillations de plus en plus rapprochées mais d'inégales importances : les plus notables sont datées de - 3700 ans et de - 2800 ans.

La région est aussi caractérisée par la permanence de l'habitation humaine qui n'apparaît discontinue que par le jeu des découvertes archéologiques ; ceci dénote un lieu favorable tant aux habitats qu'aux possibilités de communication et d'échanges. Les premiers de ces habitats ont fourni des outils attribués à la "Pebble culture".

Plus certains, des silex, des bifaces, des hachereaux de la culture acheuléenne ancienne (- 300 000 ans) ont été trouvés entre St Guérin et la Tour des Anglais.

Des outils préhistoriques du Néolitique auraient été découverts dans la région de St Guérin et devant la grande plage de DAMGAN.

La civilisation des Mégalithes ( - 4500 / - 2500 ans) est également présente : dolmen à Kervoyal détruit au XXème siècle, menhir encore présent sur la route d'AMBON.

La civilisation des "champs d'urnes" a donné lieu à quelques découvertes entre Cromenach et DAMGAN : débris de cuisine littoraux (huîtres, bigorneaux, berniques, etc...) et fragments d'urnes biconiques.

 

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des Vénètes aux Vikings

 

L'histoire proprement dite commence avec les Vénètes, descendants de bâtisseurs de mégalithes, ou plus probablement peuple celte arrivé avec sa métallurgie entre - 700 et - 500, et dont la capitale aurait été LOCMARIAQUER. Très présents dans la baie de la Vilaine, ils devaient déjà, par le port de PENERF, importer du vin méditerranéen.

Après leur défaite navale par Jules César en -56, ceux à qui on n'avait pas coupé le cou, ou qui n' avaient pas été vendus comme esclaves, se fondirent avec les gallo-romains dont les vestiges ont été trouvés dans la région comme tout autour du Golfe du Morbihan : "villas" à DAMGAN, traces de salines et d'industries de salaison (garum) localisées sur le bord de la rivière ...

Les Bretons arrivent vers le VIème siècle, remontent jusqu'au bourg d'AMBON qu'ils créent probablement à cette époque et baptisent la presqu'île : "PENERF" (le bout du sillon), c'est à dire l'isthme étroit qui, à la croix de la Folie, au moment des grandes marées, laissait "la mer de l'intérieur rejoindre la mer de l'océan".

Au moment de ce baptême, la géographie actuelle est donc bien dessinée, même si les terres s'étendaient à quelques dizaines ou centaines de mètres plus au sud, la presqu'île faisant peut être le double de sa surface actuelle.

Au IXème siècle, Loire et Vilaine attirant particulièrement les Vikings, ces derniers auront probablement tout ravagé le long de nos côtes. Est-ce l'explication du fait que tous les villages sont construits au bord des multiples ramifications de la rivière, à l'exclusion des rives de l'océan, ou est-ce le souvenir confus des raz de marée qui ont englouti, entre autres, la ville d'Ys ou la forêt du Mont St Michel ?

 

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Des Ducs de Bretagne à l'âge d'or de Penerf

Nous sautons au XIIIème siècle quand apparaît, pour la première fois, le nom de PENERF dans un texte. Il s'agit d'une donation, en 1261, de quelques sillons (de terres labourées cette fois), par Barthélémy de Questembert à l'abbaye de Prières créée quelque dix ans auparavant.

Entre temps, les Ducs de Bretagne se sont fait construire en 1218 un château à Suscinio qu'ils affectionnent car doué du microclimat de notre région, déjà reconnu, et entouré d'une très grande forêt où ils peuvent chasser à leur gré. Ce microclimat a permis le développement de la vigne, des deux côtés de la rivière, mais il s'agit de ce fameux vin de Rhuys qui pour le boire nécessite quatre personnes et un mur (il ne s'agissait pas encore du noah qui rendait fou et qui fut introduit en 1909 après la destruction des ceps anciens par le phylloxera) ; aussi l'importation de vins (surtout du bordelais) continue. En fait, il ne devait pas être si mauvais puisque le Duc de Mercoeur, au moment de sa soumission à Henri IV, invitait ce dernier à venir l'apprécier.

La proximité du château n'est donc sans doute pas étrangère à la prospérité du port de PENERF qui commence alors. Ce dernier a cependant d'autres atouts : les bateaux peuvent rester à flot à marée basse et, le long des étiers, s'échelonnent de multiples petits ports : Larmor, Pauillac, Lic, Listy, pour ne parler que de la rive Est. Là se débarquent vin et goëmon (engrais indispensable de l'époque) et s'embarquent sel et céréales (l'existence de salines au fond de la rivière semble très ancienne). Un inconvénient : l'entrée est difficile, parsemée d'écueils, les passes ont une profondeur faible à marée basse, mais pour les bateaux de l'époque, quelques tonneaux, ce n'est pas rédhibitoire.

Des moulins à marée se sont construits : l'Epinay au fond de l'étier (il fonctionnait encore en 1787), Banaster (déjà en ruine à la fin du XVIème), Caden terminant son existence en 1830.

Le XVIème siècle est l'âge d'or pour PENERF qui est alors le quatrième port breton : la rivière s'est peuplée et ses bateaux vont de Bordeaux à Rouen, de Cadix en Norvège. Le "maître de barque", qui a avec lui deux ou trois "mariniers", part avec du sel ou des céréales et revient avec du vin ou du fer d'Espagne. La taille des bateaux augmentant à quelques dizaines de tonneaux, ce maître ne sera bientôt plus propriétaire que d'une fraction de son navire, les autres parts étant souvent possédées par des membres de sa famille et quelques marchands et artisans.

PENERF figure alors sur toutes les cartes, même celles couvrant toute l'Europe, sous des orthographes diverses (Pennerff, Penerph, Penhers et même Pencore), la petite "baye" étant quelquefois dessinée aussi grosse que le Golfe du Morbihan. Dès les XIVème et XVème siècles, les marins de PENERF (de DAMGAN et de KERVOYAL qui leur sont liés) étaient déjà les plus nombreux de Bretagne à Nantes et à Bordeaux, après ceux de Penmarch ruinés brutalement par les événements de la Ligue à la fin du XVIème siècle.

Au début du XVIIème siècle, Richelieu fonde la compagnie des "Cents Associés" et rêve de développer le commerce avec les Indes en partant d'un grand port qui aurait été le "MORBIHAN", ce nom désignant Locmariaquer ou plutôt l'ensemble des ports de la région. À cet effet, Louis XIII avait donné à cette compagnie RHUYS et PENERF. Mais le projet échoua devant, semble-t-il, l'opposition du Parlement de Bretagne.

Ceci est peut être à l'origine d'une légende qui prétend que PENERF aurait pu être choisie en 1666 par la Compagnie des Indes à la place de Lorient et qu'une erreur de navigation était à l'origine du choix du Blavet !

En fait, la taille des nouveaux navires interdisait déjà cette possibilité. Et pourtant à la fin du XVIIème siècle, un bateau de PENERF est allé aux "terres neuves" pêcher la morue tandis que ses collègues assuraient toujours le grand cabotage, évacuant par exemple le sel de Séné vers l'Espagne. En 1691, il y existait un bureau de l'amirauté de Vannes, avec un greffe.

Des marchands de Vannes y avaient leurs magasins, les scandinaves y venaient aussi chercher sel et grains. Tous les étiers devaient grouiller de petites embarcations assurant le transport des marchandises et des hommes. Celà n'allait pas sans drames, comme en 1739 lors du naufrage au milieu du port d'un bateau de Locmariaquer chargé de sardines, ou en 1744 la noyade d'une dizaine de jeunes gens de Surzur revenant un dimanche soir de "l'assemblée de PENERF" (sans doute bien arrosée !).

À cette époque, les marins de la rivière de PENERF étaient spécialisés dans le commerce et ne comptaient aucun pêcheur parmi eux, comme le relevait l'inspecteur des pêches de 1728, alors qu'une quarantaine de bateaux tant à Billiers qu'à Port Navalo pêchaient la sardine ou le hareng. C'est ainsi qu'à la même époque (1721), la "Marie Scolastique" de PENERF eut l'honneur de transporter de Bordeaux à Nantes des toiles de maîtres, achetées en Italie pour le régent à Paris, qu'on avaient acheminées par ce moyen, la vallée du Rhône n'apparaissant pas suffisamment sûre. Au même moment (1731), les "vaisseaux de Penerff" étaient particulièrement recherchés pour évacuer le sel de Séné appartenant aux chanoines de Vannes. Mais, dès le milieu du XVIIIème siècle, on a quand même trouvé quelques filets dans les inventaires d'après décès de Penerf.

Les gens de la rivière armaient donc des navires pour assurer le cabotage (un bateau disparaissait en 1720 en transportant des ardoises de Redon à Lorient), ou s'embarquaient à Nantes ou Lorient pour des voyages de plus longue durée. Le nombre est grand de ceux morts aux Indes ou aux "Iles" (Antilles) ou plus simplement disparus depuis longtemps (19 ans dans un cas), ce qui conduisait à des procès sans fin pour leur succession.

Leur vie n'était pas facile car, outre les périls des éléments naturels, ils étaient souvent victimes des pirates ou corsaires, la dénomination changeant selon que leur nation était ou non en guerre contre le Roi de France. Et les alliances se faisaient et se défaisaient plus vite que l'information n'en pouvait parvenir à des bateaux isolés. Justice était pourtant quelquefois rendue même si elle n'était plus très utile comme en témoignent les 40 écus reçus de la part du Roi par Pierre Morice de PENERF, pour aller en 1715 témoigner à Londres au procès d'un pirate écossais qui avait, entre autres, précipité un de ses matelots à la mer au large du Hâvre, pieds et poings liés.

La pêche à pied se poursuivait : coquillages et crustacés, bien sûr, et anguilles et plies dans les vases des étiers avec des fouannes, pêche poursuivie jusqu'à l'époque contemporaine. Par contre, c'était en majorité des pêcheurs de Billiers qui venaient l'hiver tendre des filets pour piéger les macreuses, oiseaux de mer, au moment de leur plongée vers les moulières. Enfin, une activité lucrative semble-t-il, mais discrète, était tout au long des rives des étiers : la contrebande du tabac, importante de 1740 à1790.

Depuis longtemps, sous François 1er le Duc vers 1445 ou plus probablement du temps de François 1er le Roi, cent ans plus tard, avait été bâtie la tour de guet ou tour à feu (ancêtre de nos phares) qu'on devait appeler tour des Anglais... au début du XXème siècle !

Certains ont cependant cru devoir faire remonter son origine au XIVème siècle, quand les anglais occupèrent le château de Suscinio durant dix ans ; Duguesclin en 1373 passa toute la garnison au fil de l'épée. Dans tout les cas, c'est probablement le monument de cette sorte le plus ancien sur le littoral atlantique français.

Cette tour servait de guet contre les corsaires ennemis : bateaux de Jersey, espagnols et même barbaresques, et bien sûr les anglais. On dut aussi allumer en son sommet des feux pour repérer l'entrée du port. Bois, charbon et même "des nippes trempées dans du goudron" . Le charbon de terre, cher, était apprécié car l'intensité de sa lumière était proportionnelle à la vitesse du vent, et donc à l'état de la mer ! Par contre notre tour ne fut jamais équipée de réverbère avec lampe à huile qui commencèrent à se développer seulement vers 1770. De jour, elle émettait peut être des fumées qui servaient de signaux répercutés par des tours semblables ou des points élevés pour transmettre les informations fournies par le guet et ce, sans doute bien avant la création officielle du guet de la mer par Colbert en 1681 et le service "gardes côtiers" quelques années plus tard.

Elle ne dut jamais servir de tour de défense car un premier fort fut construit à la fin du 17ème siècle et un second, à peine à 10 mètres de la tour, le remplaçant au moment du blocus de la Vilaine par les anglais qui suivit la bataille des Cardinaux à la fin de 1759.

On sait que l'escadre française de Monsieur de Conflans qui s'apprêtait à débarquer une armée en Irlande fut sévèrement battue par les anglais autour de l'île Dumet : beaucoup de noyés furent alors rejetés à la côte, surtout vers Penvins. Durant un blocus de 2 ans, Penerf servit de liaison entre les vaisseaux de lignes anglais étagés entre la rivière et Dumet et les autorités françaises : plénipotentiaires, débarquement de blessés, échanges de prisonniers, etc...

Le 18ème siècle fut le siècle des salines. Déjà des essais avaient du avoir lieu car, au 15ème siècle on accordait une "baule" (marais salé) au chancelier de Bretagne et au début du 18ème siècle des traces prouvaient l'existence d'anciens marais salants près du village du Lic, tandis que les plus anciens documents font état des salines de Brouel, au fond de la rivière, restées en exploitation tout au long des siècles. Mais l'accroissement de la population et l'absence de gabelle en Bretagne, qui entraînait une contrebande active avec le reste de la France, augmenta les besoins.

Vers 1740 les chanoines de Vannes qui cherchaient de nouveaux revenus demandèrent au Roi "l'afféagement" de divers "palus" au nord de Pouillac, l'Ile et Cadu. Une triple opposition se manifesta : celle des habitants de la paroisse d'Ambon (dont faisaient partie Damgan et Penerf), qui avaient des droits d'usage et : "s'opposaient à l'avance de quelques ecclésiastiques qui veulent sacrifier une paroisse entière au projet qu'ils font de s'enrichir", celle des capitaines de navires et des mariniers qui veulent qu'on construise alors des "assiettes" suffisantes pour conserver la navigation jusqu'au bourg d'Ambon et surtout celle du Seigneur de Bavallan, seigneur principal de la paroisse qui gagna son procès contre le Roi en démontrant que ces marais lui appartenaient.

Entre temps, les chanoines avaient obtenu des concessions au Tour du Parc sur la rive ouest et s'étaient désintéressés du projet.

Trente ans plus tard, c'est le Seigneur de Bavallan lui même qui avait transformé ces "palus" en "salines" ! Ces marais furent peut-être aussi un accélérateur du déclin des ports de la rivière, avec la diminution sensible du volume des eaux introduites dans la "baye" et donc de l'effet de chasse qui entretenait les étiers. Cet effet était d'autant plus néfaste que les eaux de ruissellement entraînaient les terres des landes nouvellement défrichées par suite de l'augmentation de la population. À la même époque, on se plaignait aussi de l'envasement du port de Vannes. Enfin, le lest (sable et pierres) dont se débarassaient les bateaux venus chercher du sel, entraîna aussi un engorgement, à tel point qu'au cours du 19ème siècle la municipalité en interdit la décharge.

Par rapport au reste du Morbihan, la période révolutionnaire se passa relativement calmement, les "St Joseph", "St Antoine" coexistant encore en 1795 avec "Le Patriote" ou "Le Républicain" pour ce qui est des noms de bateaux. Cependant les Chouans, plus présents sur la rive ouest en presqu'île de Rhuys, se manifestèrent de temps à autre : en décembre 1795, Cadoudal reçut des piastres anglaises débarquées à Penerf. Une nouvelle flambée eut lieu en 1799, quand le guetteur de la batterie de Penvins fut assassiné et qu'à nouveau Cadoudal reçut armes et argent. En 1802, le même Cadoudal, blessé, était recherché dans la région car soupçonné de vouloir s'embarquer.

Durant toute cette époque, la "croisière" anglaise bloquait toutes les côtes, les convois de Nantes à Lorient passaient souvent par sauts de puces : de Loire en Vilaine, de Vilaine à Penerf, de Penerf en Morbihan etc... Au début du 19ème siècle le rôle de la tour comme phare était oublié. On l'entretenait comme "amer" et on cherchait à établir balises et feux là où ils sont encore aujourd'hui (le Pignon). Un chantier de construction de bateaux d'environ dix tonneaux poursuivit longtemps son activité, même si les plus importants étaient achetés à Vannes ou à Brest, car les riverains frustrés de voir leur port décliner par l'augmentation des tirants d'eau s'étaient tournés vers le long cours, embarquant souvent sur les navires nantais ou lorientais.

Tandis que le trafic du port périclitait (par rapport aux autres comme Nantes et surtout le nouveau Lorient créé sur une lande en 1666), les Penerfins comme Joseph Le Besque, François Le Natro, continuaient, vers 1700, avec leurs collègues de l'île d'Arz, le noyau des premiers "maîtres de vaisseaux" diplômés, ancêtres de nos capitaines au long cours, le nombre culminant au 18ème siècle pour décroître assez rapidement ensuite (trois seulement en 1801).

Durant ce temps l'administration se structurait : après les représentants de l'amirauté à la fin du 17ème siècle, les brigadiers des fermes du Roy, les receveurs des postes et hâvres des droits du Roy, les employés de la régie des tabacs, c'est la douane avec toutes ses attributions qui représentait les notables des villages. En 1835, le Maire de Damgan déclarait : "Je n'ai pu secourir les indigents, attendu qu'il n'est rien alloué au budget. J'ai fait simplement rafraîchir les autorités de la douane".

En 1816, on expulsait un boucher "sous cinq jours" pour loger deux préposés.

En 1840, pour faire payer les élèves des écoles, un état séparé était dévolu aux enfants des douaniers.

Au 18ème siècle, donc développement des salines, mais l'abolition de la taxe sur le sel en 1848 et l'autorisation d'importer marquent le début du déclin, l'exploitation des marais salants se poursuivant pourtant jusque vers 1930.

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De la naissance des parcs à huîtres à nos jours

Au 19ème siècle, développement des parcs à huîtres. Durant tout ce temps, et bien avant sans doute, a lieu la guerre du goémon. En 1786, déjà un procès avait opposé le Tour du Parc à Penerf qui prétendait interdire aux gens d'en face de venir cueillir le précieux engrais. Limitation des dates de coupe et procès verbaux des infractions semblent avoir été une des préoccupations principales des conseils municipaux, avec les récriminations contre les gens extérieurs à la rivière. Tels ceux de Séné par exemple, qui ne respectaient pas non plus les jours et les heures de la drague du gisement naturel d'huîtres plates, cachant pour ce faire les immatriculations de leurs voiliers. Jusqu'au milieu de notre siècle, cetee drague se poursuivit un jour par an , mobilisant plusieurs dizaines de bateaux, souvent de simples plates manoeuvrées à l'aviron par deux hommes (une part du profit pour chacun plus une part pour le propriétaire de la plate). Le trafic reste quand même important pour le vin et le sel.

En 1820 un bateau de Lübeck de 200 tonneaux chargeait du sel pour St Petersbourg Il avait payé un pilote de Belle Ile à Dumet, un autre de Dumet à Tréhiguier, un autre de Tréhiguier à Penlan. C'est de cette époque que date la carte de Beautemps Baupré, premier relevé sérieux des côtes, par ces ingénieurs hydrographes.

En 1850, au milieu du siècle, avant l'existence d'une route empierrée entre Ambon et Penerf, c'est un bateau venu de Nantes qui assurait mensuellement le service de l'épicerie : huile, chandelles, cornichons, savon, prunes séchées, café et sabots vendus au kilogramme. Le trafic grains et sel se poursuivait et de nombreux navires surpris par la tempête venaient s'y réfugier et exceptionnellement y réparer leurs avaries, les redevances étant moins dissuasives qu'au siècle précédent. Tout ceci dans un port naturel, semble-t-il, car ce n'est qu'en 1889, qu'on s'avisa que l'exportation du sel, du grain et des huîtres conduisait à la nécessité de construire une jetée (vers la même époque un "passager" passeur assurait le service entre Pencadenic et Penerf).

Il est vrai qu'en 1870 encore, les petits caboteurs remontaient l'étier pour aller directement charger leur sel, l'approche de la rivière s'était améliorée grâce à la pose de nombreuses balises et tourelles, celle de Borenis tombée en 1884 étant rapidement relevée ; la tour de Penerf "écroulée" en 1807, restaurée en 1837, réparée et blanchie en 1886 continuait à assurer un rôle d'amer tandis que la marine nationale envisageait d'y abriter des torpilleurs. En 1889, Ambon a encore un petit port et en 1910 un voyageur pour repartir à Vannes demande à un marin de Penerf de l'y conduire en bateau sans doute pour prendre le train inauguré en 1905.

Le feu nécessitait de fréquents entretiens. En 1933, les communes de Damgan et le Tour du Parc payaient ensemble la moitié de la facture d'un feu à l'entrée de la rivière tandis que la commune de Séné, à elle seule, payait l'autre moitié (2700 francs). Et pourtant, un recensement en 1938 comptait 27 chalutiers ou petits dragueurs en Damgan. En fait il ne s'agissait souvent que de petites embarcations montées par de jeunes retraités de la marine nationale ou de commerce qui avaient suivi la voie de leurs ancêtres. Car c'était les sinagots qui venait pêcher et proposer de porte en porte leurs sardines ou leurs "chèvres" (étrilles) en paniers d'osier portés sur la tête. Les châteaux d'eau apparaissaient, nouveaux amers, remplaçant les moulins qui avaient joué le même rôle autrefois : le moulin de Penerf disparu au 18ème siècle, celui de la pointe du Bil officiellement supprimé le 5-02-1940.

La rivière voyait aussi se dérouler quelques régates, mais avec les propres bateaux de pêche nettement moins rapides que ceux d'aujourd'hui. Et durant tout ce temps, depuis plus d'un siècle, se développait la construction des parcs à huîtres dont l'histoire va maintenant vous être contée ...

plus tard, on y travaille ...

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